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GRÈVE DE LA FAIM, INCENDIE, VIOLENCES POLICIÈRES, LA TENSION GRANDIT DANS LES CENTRES DE RÉTENTION

OBSERVATOIRE CITOYEN DU CENTRE DE RÉTENTION ADMINISTRATIVE DE VINCENNES COMMUNIQUÉ TENSIONS, VIOLENCES POLICIÈRES GRAVE INCENDIE AU CENTRE DE RÉTENTION ADMINISTRATIVE(CRA) DE VINCENNES Dans la nuit du mardi 4 février, un violent incendie a éclaté au CRA2A de Vincennes, rendant inutilisable toute cette unité. Cet incendie, provoqué par des retenus,  fait suite à une grève de la faim, entamée le 1er février. Pour l’Observatoire citoyen du CRA de Vincennes, collectif adossé à la Ligue des Droits de l’Homme, il est clair que c’est l’enfermement lui-même qui provoque tensions et violences. En effet, la rétention administrative des étrangers en situation irrégulière peut durer 90 jours depuis le 1er janvier 2019 et l’Observatoire rappelle que deux retenus sont morts à Vincennes en août et novembre 2019 !   Par ailleurs, d’après les témoignages recueillis auprès des retenus, ces derniers subissent de nombreuses humilia...

Mourir à 19 ans dans un CRA n’est pas exactement un accident dû au hasard !

1 - Témoignages de retenus à propos de la mort du jeune Tunisien de 19 ans mort le 8 novembre au CRA 2B de Vincennes Le centre a communiqué sur ce décès en signalant l’ouverture d’une enquête.  Contrairement aux  témoignages recueillis auprès de retenus ,  la dépêche de l'AFP ne  fait état que d'un mélange de médicaments et de stupéfiants. Le retenu partageant la même chambre que le jeune Tunisien a confirmé cet usage désespéré (et assez courant en rétention) de médicaments, qui, rappelons-le, sont largement délivrés par l'infirmerie du CRA, mais q uoiqu'il en soit, mourir dans un centre de rétention à 19 ans n'est pas exactement un accident dû au hasard ! Les témoignages recueillis par téléphone dénoncent les violences policières au CRA et expliquent que ce jeune de 19 ans est mort par « suites des coups portés par des policiers qui l’avaient convoqué au coffre ». Le coffre est le lieu où les retenus doivent déposer les objets qu’ils ne pe...

Du chiffre et toujours du chiffre !

Wassis , malien,  44 ans, 11ème jour de rétention. Wassis est en France depuis 5 ans et travaille dans une entreprise de ménage. Son patron content de lui, a soutenu sa demande de régularisation en lui fournissant tous les documents nécessaires : contrat de travail et feuilles de paie et lui a obtenu un rendez-vous à la Préfecture. Dans un premier temps, lors du dépôt de son dossier, il a obtenu un récépissé de 4 mois qui lui a permis de travailler. Mais dans un deuxième temps, il a enregistré un refus de titre de séjour et  on lui a signifié qu’il avait 3 mois pour quitter le territoire français.  Ce qu’il n’avait pas compris, si bien que, contrôlé par la Police à la gare Montparnasse, alors qu’il y travaillait, sans titre de séjour en règle, il a été placé en garde à vue. Il a refusé de signer « un papier » lui faisant obligation de partir,  sans le conseil de son avocat. Les policiers ont alors noté « refus de signer ». Il a ensuite été...

Histoires tristes et ordinaires d'immigration

Abdel , algérien, 30 ans, est enfermé au CRA depuis 3 jours. Ce petit commerçant provincial, non marié faute de moyens, a quitté son pays parce qu’il ne supportait plus les tracasseries, les « mafias » qui mettent la main sur les activités économiques et entravent le développement et l’épanouissement des jeunes, nous comprenons qu’il a eu maille à partir avec « le système ». À 30 ans, il a obtenu un visa de tourisme de la Turquie : cela  va lui permettre de s’engager dans un difficile et périlleux parcours de migration. Entré en Europe par la Grèce, il a traversé la Macédoine, la Serbie et la Bosnie pour arriver en  Croatie. Mais celle-ci le renvoie en Bosnie où il va être enfermé dans un camp pendant plusieurs mois dans des conditions difficiles : les policiers frappent, la nourriture est mauvaise, pas de soins médicaux… Après sa libération,  le voyage  de Sarajevo à Bihac, puis Trieste avec des passages difficiles à pied par des chem...

DE l’ASE (aide sociale à l'enfance) AU CRA

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Ubu bien vivant et même… dépassé ! Le hasard a voulu que cet après-midi nous voyions deux retenus aux parcours similaires, parcours dont   le tragique confine à l’absurde. Qu’on en juge : Ces deux retenus sont arrivés mineurs en Europe ; l’un venant d’Egypte, après avoir payé la coquette somme de 3000 euros, a atteint assez rapidement l’Italie en bateau, puis la France, en train, en passant par Vintimille. L’autre, de Côte d’Ivoire, est passé par le Mali et la Lybie. Tous les deux reconnus mineurs, ils ont été pris en charge par l’ASE et ont chacun un CAP : l’un en électricité, l’autre en mécanique auto, deux métiers grâce auxquels il est assez aisé de trouver du travail. Malheureusement, la nouvelle législation s’applique à eux : pour obtenir la carte de salarié, il faut avoir un CDI (la législation précédente ne demandait qu’un CDD d’un an). Faute du fameux CERFA, les deux jeunes hommes se retrouvent au CRA, l’un contrôlé à Stalingrad, l’autre...

MENACÉ D'EXPULSION AU CAMEROUN ALORS QU'IL EST EN RÈGLE EN ESPAGNE !!!

Dramane a 42 ans. Il est en rétention depuis 14 jours succédant à 12 jours en zone d’attente de l’aéroport de Roissy. Une zone d'attente étant le lieu dans les aéroports où sont retenus les passagers empêchés d'entrer en France par la préfecture. Ce Camerounais n’avait pas réalisé toutes les obligations administratives auxquelles il devait satisfaire. Il voulait, comme il l’a fait à plusieurs reprises s’assurer un voyage moins coûteux : avion de Douala à Paris, puis autocar jusqu’à Madrid.  Il réside à Madrid et travaille à l’aéroport, avec des titres de séjour et de travail règlementaires (carte). Tous les ans, il se rend dans sa famille au Cameroun pendant ses vacances, les tampons sur son passeport en font foi ! Il pensait qu’avec sa carte « régime communautaire », il pouvait circuler dans les autres pays de l’UE. Le contrôle à Roissy lui a rappelé qu’en tant qu’étranger extracommunautaire il aurait dû avoir un visa de tourisme ainsi qu’une assurance maladi...

PIQÛRE DE RAPPEL

Pour comprendre et ne pas oublier ce qu'est la rétention, voici un texte écrit par une intervenante de la CIMADE travaillant auprès des retenus dans un centre. Rédigé il y a déjà quelques années, il est toujours aussi actuel et la réalité de la rétention sans doute encore plus dure étant donné sa durée allongée à 90 jours... Extrait de Chroniques de rétention, paru chez Actes Sud en 2010 , ouvrage collectif publié par La Cimade TANT QUE NOS FRÈRES MARCHERONT   Travailler dans un centre de rétention, c’est se tenir sur une frontière.     La frontière, là, juste là... celle entre la fin du trottoir et le début de la grille électrique, sous les caméras. La frontière entre ceux qui ont éprouvé la rétention dans leur corps et ceux qui sont autour. La frontière entre la loi et la justice. La frontière entre la zone libre et la zone d’enfermement. Et, c’est en nous tenant sur ce milieu-là qui nous sectionne que nous avons sans doute éprouvé, et vécu ce qu’...