NOUVELLE RÉVOLTE ET INCENDIE AU CRA : PAS ÉTONNANT

Le 6 décembre, surlendemain d'une nouvelle révolte et d'un nouvel incendie faisant suite à une tentative d'évasion au CRA 3, dans la nuit du 4 au 5 décembre, nous faisions une visite à un retenu. Celui-ci, n'étant pas dans le bâtiment où cela avait eu lieu, a seulement pu nous faire savoir que les retenus du centre incendié avaient été transférés dans le nouveau bâtiment en cours de construction (CRA 4. Eh oui, il faut enfermer, toujours et encore plus !) Les douches n'y étant pas encore en fonction, ils doivent aller se laver dans les autres bâtiments... Espérons pour eux qu'au moins le chauffage est opérationnel !

Cette révolte ne nous a pas étonné.
Une des informations récurrentes que nous recueillons au cours de nos visites, c'est la grande tension qui règne dans les centres qui sont en permanence totalement remplis.
Rappelons que les retenus sont laissés dans l'ignorance de leur sort et vivent avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête : vont-ils être expulsés ? Quand ? Si oui, comment cela va-t-il se passer, que va-t-il leur arriver dans un pays, dans lequel pour certains, ils sont menacés, pour d'autres où ils n'ont plus d'attaches, pour d'autres encore ces deux cas de figure à la fois ? Combien de temps vont-ils devoir rester enfermés ? Comment se débrouillent leurs femmes, leurs familles ? S'ils sont libérés, vont-ils retrouver leur travail, leur logement, leurs affaires ???
Très souvent dans la précarité, la rétention ne fait que précariser encore plus ces personnes.
Nous avons plus d'une fois rencontré des "retenus", pour ne pas dire détenus, qui seront libérés car non expulsables, et qui se retrouveront à la rue, en ayant tout perdu, car ils vivaient dans une colocation où ils auront été remplacés (45 jours de rétention, c'est long) et dont le colocataire indélicat aura jeté les affaires, que le patron aura tout aussi facilement remplacé, etc.

La rétention est une machine à fabriquer de la souffrance et à précariser, tout cela pour un taux de renvoi vers les pays d'origine de seulement 30%. Sans parler de ce que cela coûte au contribuable de maintenir des personnes en rétention et d'en expulser certaines, y compris dans des avions privés s'il le faut.
Le gouvernement dépense sans compter et sans complexe, du moment qu'il fait du chiffre sur les expulsions... Peu importe qu'il fabrique par la même occasion, encore plus de précarité.
Un grand gâchis, humain et financier.


Là un article de Cécile Dubois dans 94 Citoyens sur l'agrandissement du centre de rétention de Vincennes et le texte (voté le 7 décembre) qui permet de placer en rétention les personnes dites dublinées, du nom du règlement Dublin. Les dublinés sont des migrants demandeurs d'asile qu'on oblige à déposer leur demande dans le 1er pays d'Europe dans lequel ils sont arrivés. Ils sont donc placés en rétention en vue de les expulser vers ce premier pays européen.

Là encore, un grand gâchis. Souffrances et dépenses inutiles qui ne servent que l'affichage du gouvernement sur sa (non)politique migratoire.
Souffrance d'être privé de liberté, et dépenses inutiles, car les personnes expulsées vers le pays d'Europe dans lequel elles sont arrivées repartiront aussitôt vers celui où elles veulent demander l'asile.
À moins qu'elles ne soient expulsées dans leur pays d'origine par le premier pays où ils ont déposé la demande qui leur a été refusée. C'est le cas de la Norvège qui expulse les afghans renvoyés chez elle.


Le texte voté le 7 décembre a fait l'objet d'un communiqué du défenseur des droits, Jacques Toubon, qui dénonce l'enfermement des demandeurs d'asile et un risque de banalisation de l'enfermement des étrangers.



Les articles sur l'incendie dans Libération et dans le Parisien