VIOLENCE DANS LES CRA I : LETTRE OUVERTE À CHRISTOPHE CASTANER - PÉTITION - La Cimade excerce son droit de retrait

Alerte de La Cimade sur la situation dans les centres de rétention administrative et pétition adressée au ministre de l'intérieur à signer jusqu'au 31 août 2019.




Monsieur Castaner, votre politique d’enfermement en rétention a franchi la ligne rouge

 

Monsieur Castaner, votre politique d’enfermement en rétention a franchi la ligne rouge



Des hommes et des femmes s’automutilent ou tentent de se suicider dans les centres de rétention administrative (CRA). D'autres se révoltent face à la violence et aux humiliations. Des lignes rouges ont été franchies par le gouvernement dans sa politique d'expulsion


Les hommes, les femmes et les enfants enfermé·e·s dans les centres de rétention administrative français* sont dans une situation de désespoir rarement égalée. Des personnes étrangères s’automutilent ou tentent de se suicider dans les CRA. Au cours de ces quinze derniers mois, deux hommes se sont donné la mort dans ces lieux où l’administration enferme des personnes pour les expulser du territoire français. D’autres se révoltent ou expriment leur désespoir à travers des lettres publiques, des grèves de la faim, des émeutes ou des tentatives d’incendie. Ces actes qui se multiplient à une fréquence inédite sont le résultat d’une politique inacceptable qui a conduit à une situation extrêmement alarmante.


La Cimade, qui intervient dans 8 CRA pour accompagner les personnes enfermées dans l’exercice de leurs droits, prend l’initiative d’interpeller publiquement le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, premier responsable de ce choix d’utiliser l’enfermement en rétention comme outil principal d’une politique d’expulsion. Cette politique du gouvernement banalise la privation de liberté des personnes étrangères.

22 organisations engagées en faveur des personnes migrantes et réfugiées se sont associées à cette lettre ouverte qui pointe du doigt les effets catastrophiques de la loi Asile et Immigration de septembre 2018, qui a notamment doublé la durée maximale de rétention. Cette loi permet désormais d’enfermer toutes les personnes visées durant trois mois, ce qu’aucun gouvernement français n’avait jamais jusqu’alors proposé. Or, les statistiques sont formelles : enfermer plus longtemps ne permet pas d’expulser plus. En revanche, être privé·e de liberté derrière des barbelés pendant 90 jours, c’est subir une machine à enfermer qui brise des vies, notamment celles d’enfants, dans un environnement carcéral oppressant.
La Cimade avec 21 organisations interpellent le ministre de l’Intérieur pour lui demander de :

  • Faire cesser cette politique du tout enfermement qui conduit à la maltraitance de personnes étrangères ;
  • Proscrire tout enfermement d’enfants en rétention ;
  • Assurer la protection des personnes les plus vulnérables, parmi lesquelles les personnes malades ;
  • Mettre un terme aux pratiques illégales de l’administration.



Associez-vous à ces demandes, envoyez la lettre ouverte à Christophe Castaner. Refusons les violences faites aux personnes enfermées en rétention.

Merci -

Lettre ouverte et pétition initiées par La Cimade avec le soutien de Médecins du Monde, la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS), Amnesty International France, le GISTI, le CCFD-Terre Solidaire, Emmaüs France, le Syndicat des avocats de France (SAF), la Ligue des droits de l’Homme (LDH), le Comède, le Secours islamique, ADDE, le MRAP, l’ACAT, le Syndicat de la magistrature, le Secours Catholique – Caritas France, l’Uniopss, la Fasti, Le Collectif des morts de la rue, Emmaüs Solidarité, l’Observatoire Citoyen du CRA de Palaiseau et l’Anafé.

*Rétention administrative : enfermement des personnes étrangères (hommes, femmes et enfants) pour le seul fait qu’elles ne sont pas en règle d’un point de vue strictement administratif. En vue de leur expulsion, elles sont privées de liberté par l’administration et subissent un traitement carcéral, alors qu’elles n’ont commis aucune infraction au sens pénal.
Photographie : © Christophe Archambault / AFP


 Texte complet de la lettre signée par les 21 associations ici

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Grave crise au CRA du Mesnil Amelot : le retrait de La Cimade continue


19 juillet 2019
Suite aux violences extrêmes survenues au centre de rétention administrative (CRA) du Mesnil-Amelot, après trois premiers jours de retrait des équipes, des réunions de crise avec le ministère et la police, La Cimade ne peut pas poursuivre son intervention dans le centre et ce pour une durée encore indéterminée.

Jeudi 11 juillet, après trois tentatives de suicides, une personne qui menace de se pendre aux barbelés, l’isolement disciplinaire en cellule pour réprimer une grève de la faim et d’autres violences, les salarié·e·s de La Cimade n’étaient plus en mesure d’exercer leur mission d’accompagnement juridique des personnes enfermées au CRA du Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne). La Cimade avait donc pris la décision de retirer ses équipes de ce lieu d’enfermement pour une première durée de trois jours.


Cette semaine, après une réunion de crise au ministère de l’intérieur, puis une rencontre avec la police aux frontières dans le CRA du Mesnil-Amelot, les conditions ne sont toujours pas réunies pour que la mission des équipes de La Cimade puisse s’exercer dans de bonnes conditions.

La politique menée par le gouvernement et surtout l’enfermement sans discernement de personnes qui n’ont rien à faire en rétention ou de personnes souffrant de graves troubles psychiatriques entraîne des violences inédites que le ministère de l’intérieur ne prend pas en considération.

Les réponses de Christophe Castaner à la lettre envoyée par La Cimade et 21 autres associations sont laconiques. Et surtout, elles ne sont pas à la hauteur des enjeux qui se jouent dans ces lieux de privation de liberté. Le ministre ne répond pas sur les pratiques illégales des préfectures qui s’accélèrent, élude la question de l’enfermement des enfants, mais reconnait les lacunes de « la prise en charge psychologique des personnes retenues » sans aucune proposition concrète.

La Cimade condamne la politique migratoire répressive, conséquence des pratiques et des lois adoptées depuis des années, mais que la loi Asile et Immigration souhaitée au plus haut sommet de l’État et votée en août 2018 a fortement durci
 L’allongement de la durée de la rétention pouvant atteindre désormais 90 jours ainsi que la pression mise par le ministre de l’intérieur sur les préfectures pour « faire du chiffre » sont aussi responsables des violences inédites rencontrées par les équipes de La Cimade en rétention.

La défense des droits des personnes enfermées en rétention reste, dans ce contexte de crise, une priorité pour La Cimade.