DU CRA DE METZ À CELUI DE VINCENNES
M. J. B. (Camerounais)
Nous sommes arrivées à 13H, un seul visiteur se présente en même temps que nous. Nous l’aiderons d’ailleurs à la guérite, à entrer en contact par téléphone avec son ami retenu, en raison de ses difficultés devant le policier, à identifier et prononcer le nom de cette personne. Il ne parlait que du pays d’origine.
Ensuite nous aurions pu espérer aller au parloir en même temps que ce seul visiteur. Bien au contraire il nous faudra attendre 14H15 pour être appelées.
Nous rencontrons M. J. B., d’emblée souriant et heureux d’avoir une visite. Il est originaire de l’est du Cameroun, en France de 1990 à 2000 pour poursuivre ses études. De 2000 à 2010, il retourne au Cameroun et revient en France pour prendre soin de son père gravement malade, celui-ci décédera en 2014.
Il a une sœur pharmacienne à Toulouse, une autre sœur aux États-unis qui accueillera prochainement sa mère malade et un frère résidant à Paris. La famille a gardé la maison du père située à Fontenay-sous-Bois.
Dès 2010, M. J. B. demande le renouvellement de son passeport et ne l’obtiendra qu’en 2013 avec une validité jusqu’en 2018. Parallèlement, il effectue une demande de titre de séjour et pendant 3 ans ira de récépissé en récépissé n’excédant pas 3 mois. En 2014, il a la possibilité de travailler dans une entreprise de déménagement, il fait donc une demande d’autorisation de travail mais ne l’obtiendra jamais.
Aussi, il décide de prendre le statut d’autoentrepreneur, achète un camion et installe son activité de déménagement dans l’est de la France.
Courant 2018, il effectue sa demande de renouvellement de passeport avant l’échéance début juillet. En avril, il demande qu’on lui donne un récépissé valable plus de trois mois. La réponse sera une OQTF qui lui arrive chez lui alors qu’il est à Paris chez son frère. Quand il trouvera le document il sera trop tard pour faire appel. Mi-août pour répondre à la demande insistante de sœurs de son église (évangélique), et après bien des hésitations car il n’a pas encore reçu le nouveau passeport, il se rend en Allemagne pour aider à un déménagement.
Au retour il est contrôlé à la frontière par la police allemande. En l’absence de pièce d’identité valide et des adresses différentes sur les documents présentés (la ville où il vit et Paris où il réside chez son frère), il est remis à la police française qui le conduit au CRA de Metz.
M. J. B. décrit des conditions de rétention inhumaines, beaucoup de violences liées à la consommation et au trafic de stupéfiants, le pouvoir de communautés, la peur, les cris… Lui-même avoue avoir été amené à utiliser certaines substances alors qu’habituellement il n’est pas fumeur. Il le déplore mais n’avait guère d’autres solutions pour tenir le coup.
Une nuit, en raison d’un différend entre son voisin de chambre et des coreligionnaires, il assiste à l’irruption d’un groupe de 5 personnes. Il tente de protéger celui-ci mais en vain, ils seront violemment agressés. À la suite de ce triste évènement, M. J. B. et son voisin vont déposer une plainte qui aboutira à une libération pour l’autre retenu. Quant à lui, il sera transféré à Roissy, un vol étant prévu pour Douala, ville qu’il ne connaît pas. Il refuse d’embarquer disant qu’il ne se sent pas prêt. En conséquence il est transféré au CRA de Vincennes. La rétention expirera début octobre 2018.
Après avoir connu le CRA de Metz, il dit « se reposer à Vincennes », même s’il reconnaît l’existence de tensions, de souffrances, de bruits permanents. Compte tenu de toutes les descriptions que nous avons pu avoir lors de nombreuses visites, nous avons du mal à imaginer ce qui peut être pire !
À la fin de l’entretien, nous laissons un homme très angoissé. Les prochains jours vont être bien difficiles, il ne se fait aucune illusion.
Le dimanche, après un appel téléphonique de notre part, M. J. B. adresse un sms pour nous informer qu’il est au Palais de Justice et que le Juge des Liberté et de la Détention vient de prononcer sa libération. Cependant il devra attendre 6 heures pour savoir si la préfecture fait appel de la décision.
Nous lui souhaitons bonne chance même si les perspectives d’avenir ne sont pas forcément radieuses !!!
Plus tard, nous avons confirmation de la libération de M. J. B.
Nous sommes arrivées à 13H, un seul visiteur se présente en même temps que nous. Nous l’aiderons d’ailleurs à la guérite, à entrer en contact par téléphone avec son ami retenu, en raison de ses difficultés devant le policier, à identifier et prononcer le nom de cette personne. Il ne parlait que du pays d’origine.
Ensuite nous aurions pu espérer aller au parloir en même temps que ce seul visiteur. Bien au contraire il nous faudra attendre 14H15 pour être appelées.
Nous rencontrons M. J. B., d’emblée souriant et heureux d’avoir une visite. Il est originaire de l’est du Cameroun, en France de 1990 à 2000 pour poursuivre ses études. De 2000 à 2010, il retourne au Cameroun et revient en France pour prendre soin de son père gravement malade, celui-ci décédera en 2014.
Il a une sœur pharmacienne à Toulouse, une autre sœur aux États-unis qui accueillera prochainement sa mère malade et un frère résidant à Paris. La famille a gardé la maison du père située à Fontenay-sous-Bois.
Dès 2010, M. J. B. demande le renouvellement de son passeport et ne l’obtiendra qu’en 2013 avec une validité jusqu’en 2018. Parallèlement, il effectue une demande de titre de séjour et pendant 3 ans ira de récépissé en récépissé n’excédant pas 3 mois. En 2014, il a la possibilité de travailler dans une entreprise de déménagement, il fait donc une demande d’autorisation de travail mais ne l’obtiendra jamais.
Aussi, il décide de prendre le statut d’autoentrepreneur, achète un camion et installe son activité de déménagement dans l’est de la France.
Courant 2018, il effectue sa demande de renouvellement de passeport avant l’échéance début juillet. En avril, il demande qu’on lui donne un récépissé valable plus de trois mois. La réponse sera une OQTF qui lui arrive chez lui alors qu’il est à Paris chez son frère. Quand il trouvera le document il sera trop tard pour faire appel. Mi-août pour répondre à la demande insistante de sœurs de son église (évangélique), et après bien des hésitations car il n’a pas encore reçu le nouveau passeport, il se rend en Allemagne pour aider à un déménagement.
Au retour il est contrôlé à la frontière par la police allemande. En l’absence de pièce d’identité valide et des adresses différentes sur les documents présentés (la ville où il vit et Paris où il réside chez son frère), il est remis à la police française qui le conduit au CRA de Metz.
M. J. B. décrit des conditions de rétention inhumaines, beaucoup de violences liées à la consommation et au trafic de stupéfiants, le pouvoir de communautés, la peur, les cris… Lui-même avoue avoir été amené à utiliser certaines substances alors qu’habituellement il n’est pas fumeur. Il le déplore mais n’avait guère d’autres solutions pour tenir le coup.
Une nuit, en raison d’un différend entre son voisin de chambre et des coreligionnaires, il assiste à l’irruption d’un groupe de 5 personnes. Il tente de protéger celui-ci mais en vain, ils seront violemment agressés. À la suite de ce triste évènement, M. J. B. et son voisin vont déposer une plainte qui aboutira à une libération pour l’autre retenu. Quant à lui, il sera transféré à Roissy, un vol étant prévu pour Douala, ville qu’il ne connaît pas. Il refuse d’embarquer disant qu’il ne se sent pas prêt. En conséquence il est transféré au CRA de Vincennes. La rétention expirera début octobre 2018.
Après avoir connu le CRA de Metz, il dit « se reposer à Vincennes », même s’il reconnaît l’existence de tensions, de souffrances, de bruits permanents. Compte tenu de toutes les descriptions que nous avons pu avoir lors de nombreuses visites, nous avons du mal à imaginer ce qui peut être pire !
À la fin de l’entretien, nous laissons un homme très angoissé. Les prochains jours vont être bien difficiles, il ne se fait aucune illusion.
Le dimanche, après un appel téléphonique de notre part, M. J. B. adresse un sms pour nous informer qu’il est au Palais de Justice et que le Juge des Liberté et de la Détention vient de prononcer sa libération. Cependant il devra attendre 6 heures pour savoir si la préfecture fait appel de la décision.
Nous lui souhaitons bonne chance même si les perspectives d’avenir ne sont pas forcément radieuses !!!
Plus tard, nous avons confirmation de la libération de M. J. B.