les visites de Juillet 2012
Nous avons commencé nos visites en février 2012. Malgré le décalage entre la mise en ligne de ce blog et les premiers témoignages recueillis, nous pensons intéressant de les publier et de commencer par le début.
Ces premiers témoignages sont regroupés par mois. Nous rattraperons le temps jusqu'à faire coïncider les futures publications avec les périodes concernées et en publiant nos visites les unes après les autres.
Juillet
1ère visite
Danielle et Christine
Nacer (CRA 2) tunisien contact par cabine. 34 jours de rétention.
Garde à vue.
L’appel au JLD a été négatif (avocat commis d’office).
Arrivé en France en 2008 depuis l’Italie, il vit essentiellement en Belgique, mais semble naviguer entre les 2 pays. Il gagne sa vie comme coiffeur dans une boutique dans un village, ou bien à domicile.
Il paraît très sombre, très tendu, et dans un état qui nous a semblé “anormal”, (voire drogué par les médicaments ?). Son récit nous a paru assez confus et nous avons mis ensemble sur le papier, tout de suite après la visite, ce que nous en avions retenu. Nous avons aussi mis ses propos dans un ordre plus cohérent.
Son arrestation s’est mal passée. Venu de Belgique à Paris pour répondre à une convocation du juge d’application des peines, il s’est fait contrôler dans la rue. Ayant présenté sa convocation et une ordonnance pour un traitement de substitution à la drogue, alors qu’on lui demandait ses papiers, les policiers ont considéré que c’était une provocation, d’où un coup de poing dans la figure, un bras tordu et gonflé, et une visite à l’Hôtel Dieu à cause de problèmes de vision persistants à l’œil suite à ce coup. Une seconde visite est prévue dans 15 jours. Les policiers ont déchiré les deux papiers présentés.
Arrivé au CRA, après un refus du médecin de lui fournir son traitement, il s’est auto-mutilé au thorax et a été emmené à St Anne, hôpital dans lequel il avait un dossier, car déjà traité là-bas pour des problèmes de violence. Il a donc eu une ordonnance de... Rivotril !?
Aux 2 cachets de rivotril par jour, l’infirmière du CRA rajoute du valium et du lexomil 3 fois par jour !
Il nous dit refuser maintenant de prendre tout, et n’accepte que ce dont il a besoin.
L’ambiance au centre est très mauvaise. Certains policiers sont provocants et cherchent à les faire réagir. Il y a souvent des bagarres.
Sa rétention lui pèse beaucoup. Les grillages partout, y compris au-dessus des cours lui donnent un sentiment d’enfermement très lourd. Cependant il organise des parties de foot, se bat auprès de l’administration pour avoir un ballon et essaye d’entraîner les autres retenus à jouer pour passer le temps et éviter les tensions.
La nourriture est mauvaise et il ne mange pas de viande car elle n’est pas halal.
Il a vu le consul d’Algérie et celui de Tunisie. Il a dit à celui-ci qu’il voulait rentrer en Tunisie, mais par ses propres moyens, et après avoir récupéré ses affaires et l’argent qu’il a gagné. Il dit avoir économisé une somme très importante, qui est dispersée dans plusieurs endroits. Il veut rentrer la tête haute. Son amie qui vit en Belgique est d’accord pour partir avec lui.
Il appréhende son retour au pays, car sa mère et sa sœur ainée sont mortes accidentellement il y a 2 ans. Il n’y retrouvera que son père et sa petite sœur. Son frère cadet est parti lui aussi.
C’est sa mère, qui était professeur de français au lycée qui lui a appris à parler, ce qu’il fait très bien, et à écrire le français.
C’est seulement quand il a évoqué cette appréhension et sa cause, qu’il s’est un peu ouvert, et laissé paraître toute la souffrance qui l’habite.
C’est vers la fin de l’entretien qu’il nous a appris que c’était sa 6e rétention.
Sans commentaire.
Mounir (CRA1) tunisien, contact par cabine. 3e jour de rétention
Arrivé en France fin 2004, à l’âge de 17 ans. Il a aujourd’hui 25 ans et en paraît 10 de plus ! Il a de grands cernes noirs sous les yeux.
Peintre travaillant au noir, il a été arrêté alors qu’il faisait une pose café et est arrivé au CRA en tenue de travail. En fait cela est assez confus, car il avait dit au téléphone avoir été amené directement depuis la prison ???
Assez agité à notre arrivée, et tout au long de l’entretien, il nous a dit s’être renseigné et que nous avions la possibilité de nous entretenir dans la salle réservée aux avocats, ce que nous n’avons même pas tenté de faire.
(Plus tard, à la lecture du règlement intérieur, que nous avons eu beaucoup de mal à obtenir, nous avons appris qu’il avait raison !)
Il a parlé très bas et assez confusément pendant toute la visite.
Il devait aller au TA le jour même, mais a refusé, très découragé et nous expliquant que cela ne servait à rien.
Son parcours peut éclairer cette attitude. Il a eu une OQTF en 2007 à la suite de laquelle il a été mis en prison 4 mois avec une Interdiction de Retour sur le Territoire Français (IRTF) de 3 ans. Mais il avait une autre identité à ce moment là.
En 2010 il refait 4 mois de prison pour la même raison avec une IRTF de 2 ans.
Arrêté de nouveau le 17 avril 2012, il est encore emprisonné.
Les dates ne sont pas très précises, mais il a le sentiment d’avoir été floué et pense avoir été condamné 2 fois pour la même période incriminée.
Il nous dit avoir été 6 fois en CRA depuis 2005, dont 3 fois directement après sa sortie de prison.
Il a vu le consul de Tunisie.
Il est très découragé et nous dit avoir compris que ce n’était plus la peine d’essayer de rester en France.
Il ne croit plus en rien, ne fait pas confiance à L’ASSFAM. Il en a trop vu...
Voilà une “réussite” de la politique migratoire de ces dernières années !
La visite a été interrompue bien avant les 30mn. Même punition pour la seule autre visite dans la salle. À cause de notre présence ?
Le policier, assez agressif, prétendait qu’elles étaient écoulées et nous a expliqué que les 30 mn n’étaient pas une obligation, que cela dépendait des circonstances, du nombre de visiteurs attendant dehors. Cela aurait été l’occasion rêvée de demander à voir le règlement le stipulant, mais si l’une d’entre nous y a pensé, elle n’a pas osé le faire. La prochaine fois peut-être ?
Une fois sorties, nous avons constaté qu’il n’y avait qu’une seule personne qui attendait.
2e visite
Elisabeth et Danielle
Aujourd'hui au cours de l'un de nos entretiens, nous avons appris qu'un retenu du CRA 2 (probablement Georgien) ne mangeait plus (et semble-t-il ne buvait plus) depuis une semaine. Les autorités médicales ou administratives du CRA ne semblaient pas au courant. Immédiatement après cette visite, nous avons téléphoné à l'ASSFAM du CRA 2 pour les avertir. La responsable ASSFAM nous a dit qu'elle allait faire le nécessaire. Le lendemain, nous avons appris par le retenu qui nous avait alerté que ce gréviste de la faim avait été emmené à l'hôpital le soir même de notre visite.
La responsable ASSFAM ignorait l'existence d'un "observatoire Vincennes". Ayons toujours avec nous les numéros de téléphone des différents bureaux de l'ASSFAM à Vincennes et n'hésitons pas à les alerter dés que l'on a connaissance d'un grave problème.
Yasin (CRA3), irakien, contact par cabine. 20e jour de rétention.
Retenu tout juste majeur nous dit il, d'après des tests osseux demandés par l'administration du centre.
En France depuis 2 ans et 7 mois ; accompagné d'un oncle, il a quitté l'Irak à l'âge de 10-11ans pour l'Egypte où il a été dans une école coranique ; 5 ans plus tard, il est parti pour l'Italie par bateau puis est passé en France très peu de temps après. A fait depuis peu un voyage au Danemark (7j) et un bref séjour en Allemagne (14j) et en Belgique.
Garde à vue de 48 h à St Michel (?) avant d'être conduit au CRA.
Demande de l'asile politique faites par l'ASSFAM mais refusée. L'administration doute de sa nationalité.
Travaille au noir sur les marchés et comme plombier. Projet de mariage au mois d'octobre avec jeune femme française. Peu de contacts avec d'autres irakiens dans Paris car ce sont surtout des kurdes nous dit il ; lui est sunnite.
Retenu très souriant qui semble avoir de bonnes relations avec les policiers et trouve que les conditions dans le CRA sont bonnes ; ne prend aucun médicament et n'a pas l'air angoissé.
Dort très peu la nuit car discute avec plusieurs autres retenus tous réunis dans une même chambre ; dort dans la journée.
3e visite
Colette et Danielle
Les visites de juillet révèlent les mêmes problèmes que ceux rencontrés avant les élections : arrestations très souvent au faciès, gardes à vue systématiques*, état dépressif des retenus, automutilations fréquentes, arbitraire policier… qui se traduit aussi par cette suspicion persistante vis-à-vis de notre présence.
* La décision prise par la Cour de Cassation de mettre fin à la garde à vue des étrangers pour le simple fait de séjour irrégulier date du 5 juillet 2012.
Hichem (CRA1) tunisien, contact par cabine. 42e jour de rétention.
En France depuis "La Révolution du Jasmin", arrêté sur son lieu de travail, garde à vue de 24h au Châtelet. Six personnes arrêtées en même temps, 4 libérées après la garde à vue.
Travail non déclaré sur des marchés ou dans le bâtiment ; dernier travail comme peintre sur un chantier de rénovation d'un hôtel au moment de son arrestation ; son patron a demandé au retenu de dire qu'il ne le connaissait pas en échange d'une partie de son salaire, 400€. Le retenu travaillait sur ce chantier depuis 20 jours et aurait dû recevoir 1200€ (60€ par jour, 12h/j de travail) ; il n'a aucune nouvelle de son patron depuis qu'il est au centre, ne connaît pas son nom mais peut retrouver l'adresse du chantier près de la station Château d'eau.
Toute sa famille est en Tunisie ; venu par bateau jusqu'en Italie (1000€, 48H), puis en France car peu de travail en Italie ; désir de venir en France pour des raisons économiques : salaire en Tunisie de 5 € par jour. Le retenu est hébergé chez des amis.
Bon contact avec l'ASSFAM, avocat commis d'office ; a rencontré le consul, pas de vol prévu. Le retenu ne se plaint pas des conditions dans le CRA et ne prend pas de médicaments.
Omar (CRA2) tunisien, contact par cabine. 26e jour de rétention.
Arrêté dans la rue à la sortie du métro. Date d'arrestation incertaine car le retenu nous parle d'une longue garde à vue à Stalingrad.
En France depuis février 2010. Venu via l'Italie par bateau (1000€, 48h).
JLD et appel aujourd'hui, négatifs ; avocat commis d'office. Le retenu a rencontré le consul mais n'a donné aucun renseignement. Contact qui ne semble pas très bon avec l'ASSFAM.
Travail non déclaré sur les marchés et dans le bâtiment ; même entreprise de peinture depuis 5 mois (40€ par jour, travail de 8h à 17h), patron qui est en contact avec le retenu et souhaite le reprendre à sa sortie du CRA.
Famille en France, en partie régularisée : une sœur mariée avec un enfant de trois mois, un frère marié avec jeune femme française, cousins. Le retenu est hébergé chez son frère et n'a plus de famille en Tunisie.
Premier séjour au CRA de Vincennes en février 2012, libéré 4 jours plus tard à la suite d'une automutilation dont le retenu nous montre la longue cicatrice à l'avant bras gauche.
Premier vol refusé, second vol prévu à la veille de sa sortie. Alors que l'entretien était presque terminé, le retenu nous montre des traces de blessures dues aux menottes et des bleus au bras (injections?). Le retenu est très angoissé mais ne veut prendre aucun médicament.
Nous décidons d'essayer de revoir ce retenu la semaine prochaine.
4e visite
Colette et Danielle
"On n'a pas le choix" : réflexion exprimée par l'un des retenus vus aujourd'hui pour expliquer pourquoi ils se mutilent, avalent lames de rasoir, piles et/ou briquets pour tenter d'échapper au vol annoncé, à l'expulsion forcée.
Les trois jeunes retenus magrébins visités ont été hospitalisés à l'Hôtel Dieu en début de semaine et l'un d'eux y retournait jeudi. Gestes désespérés, effrayants. Après avoir risqué leur vie en traversant la Méditerranée, ils risquent de la perdre plutôt que d'être expulsés.
Au nom de l'Observatoire de Vincennes, nous avons ajouté un commentaire au blog "Fini de rire" du 25 Juillet consacré en partie à la politique de l'immigration et aux changements espérés, jusque-là en vain.
Marouane (CRA2) tunisien, contact direct. 42e jour de rétention.
En France depuis quelques mois après un long séjour en Italie depuis 2007.
Au CRA depuis après une garde à vue de 24h ; 1er séjour dans un CRA.
Il a rencontré le consul de Tunisie.
Père et mère en Tunisie, une sœur en France, mariée avec un enfant né en France.
Nous a contacté par téléphone pour qu'on l'aide, évoquant un problème de nationalité qu'il contestait et de laissez-passer. C'est à cette occasion que nous avons pris contact avec l'ASSFAM qui a aidé autant qu'elle le pouvait.
1er vol refusé, mais le personnel à l'aéroport lui a bien montré un laissez-passer à son nom et, lors de notre entretien d'aujourd'hui, le retenu a reconnu être bien tunisien.
Inscrit pour un 2e vol, il a avalé une pile et une lame de rasoir, recouverte d'un film plastique, pour éviter ce vol. Il a été conduit à l'Hôtel Dieu pour des examens et doit y retourner le ...
M. sera au CRA depuis 45 Jours le ...
Karim (CRA2) marocain, contact direct. 22e jour de rétention
Entretien difficile avec un retenu sous médicaments (4 fois par jour de Rivotril et un antidépresseur) qui a du mal à s'exprimer et pour lequel il semble être demandé un suivi psychiatrique.
En France depuis 2004 (il avait alors 19 ans). Plusieurs emplois non déclarés (agent de sûreté, livreur, marché, bâtiment). Avocat commis d'office.
Père et Mère au Maroc avec trois sœurs. Trois autres sœurs en France (dont 1 avec la nationalité française et une autre avec une carte de séjour de 10 ans).
K. nous a contacté par téléphone pour qu'on lui rende visite.
Le retenu a rencontré le consul marocain qui a délivré un laissez-passer valable 15 jours (?). Ce délai serait maintenant expiré. Pour éviter un vol, K. s'est fait plusieurs coupures au rasoir sur les bras, il nous montre les cicatrices. Il a aussi avalé 2 briquets depuis 8 jours dit-il et a été conduit à l'Hôtel Dieu à 2 reprises pour des radios ainsi qu'à l'Hôpital Sainte Anne.
Il nous dit avoir fait plusieurs séjours dans des centres de rétention depuis qu'il est en France et ses contacts sont difficiles avec une partie de sa famille.
Omar (CRA2) 33 jours de rétention. Retenu tunisien déjà rencontré à la mi-juillet.
Ce jeune retenu de 22 ans est très angoissé, parle bas et semble totalement épuisé.
Il sortait de l'Hôtel Dieu car il a avalé des briquets et lames de rasoir pour éviter d'être expulsé : il doit sortir normalement du CRA le ... et d'ici là est prêt à n'importe quelle extrémité. Il doit retourner à l'hôpital demain.
Après un premier vol refusé, O. a eu un nouveau vol annoncé : il s'est coupé profondément le mollet droit (encore bandé) et a été emmené à l'hôpital et non à l'aéroport.
Un autre vol serait prévu le ... mais il peut y avoir d'autres inscriptions sur des vols avant cette date.
Il nous confirme être resté 3 jours en garde à vue avant d'être amené au CRA.
En attendant devant le CRA, nous rencontrons une dame égyptienne venue voir un ami égyptien en France depuis 1996 qui n'a jamais entrepris de démarches de régularisation. Nous lui remettons la liste des associations.
Elle nous parle aussi d'un autre retenu égyptien présent au CRA, en France depuis 25 ans, père divorcé de 6 enfants dont 4 adultes majeurs français, arrêté nous dit-elle en venant renouveler sa carte de séjour. Nous avons décidé d'alerter RESF via le numéro d'urgence de Fontenay, très efficace.
C'est finalement RESF Paris 18ème qui s'occupe du dossier. Nous apprendrons le lendemain que ce retenu a fait de la prison, devait quitter le territoire et que se pose un problème de double peine. Il est inscrit sur un vol.
5e visite
Micheline et Danielle
Si l'on en croit les informations, "depuis que les étrangers sans papiers ne peuvent plus être mis en garde à vue, il y a moins de retenus dans de nombreux centres de rétention". Ce n'est pas le cas de Vincennes, toujours surchargé nous a dit une policière.
Et aujourd'hui, l'une de nous connaît des dialectes arabes et va pouvoir échanger quelques mots avec les retenus, dans leur langue ; deux retenus dont les noms nous avaient été donnés par la compagne de l'un d'eux, rencontrée devant le centre quelques jours auparavant. Compte tenu des renseignements donnés par cette dame concernant Mr S. (en particulier son nombre d'années en France et ses 4 enfants français), nous avions alerté RESF Fontenay le soir même de cette rencontre.
Samir (CRA2) égyptien, contact direct. 29e jour de rétention.
Venu en France depuis 1989, dans l'intention de poursuivre des études en France après une formation d'avocat en Egypte. Mais ce projet n'a pas abouti.
Différentes activités professionnelles, toujours déclarées (5 ans dans les sondages, entreprise d'import-export, commerces…).
Première carte de séjour de 10 ans, obtenue en 1992, renouvelée en 2002 ; c'est au moment de son renouvellement que le retenu a été arrêté à la préfecture et conduit au CRA ; nous avons appris par RESF que le retenu aurait été arrêté à la préfecture en raison d'un emprisonnement antérieur.
Les avis du tribunal administratif et des deux JLD ont été négatifs. Avocat commis d'office. Le retenu nous dit être passé au mois de mars devant une commission d'expulsion qui s'était prononcée contre une telle mesure.
Marié avec une femme de nationalité égyptienne, divorcé ; Six enfants dont 4 enfants majeurs de nationalité française. Le retenu dit avoir le soutien de sa famille et notamment de sa fille, juriste, actuellement en vacances en Egypte.
Un vol prévu pour Le Caire a été annulé par l'administration (mais cette décision est peut être liée à un manque de place dans l'avion).
L'ASSFAM a fait un recours contre l'expulsion. S. nous dit être reconnaissant vis à vis de cette association du travail qu'elle fait pour lui.
Retenu très angoissé à l'idée d'être expulsé alors que sa famille est intégrée en France ; il ne comprend pas ce qui lui arrive.
Les quelques mots en égyptien échangés avec Micheline provoquent quand même un grand sourire !
Smail (CRA2) égyptien, contact direct. 14e jour de rétention.
Retenu assez énervé, qui parle vite et est donc difficile à comprendre. C'est le compagnon de la dame rencontrée il y a quelques jours et pour lequel elle m'a contactée plusieurs fois.
En France depuis 1994, nous dit être avocat de formation en Egypte et être venu pour "faire" un peu d'argent en France avant d'ouvrir son cabinet. Travail au noir (bâtiment).
Premier séjour au CRA mais a déjà été arrêté plusieurs fois et mis en garde à vue. Au CRA après 4 heures passées au commissariat près de la gare de Lyon.
Tribunal administratif, 1er JLD et appel négatifs ; a fait une demande d'asile politique car serait membre d'un parti démocratique égyptien, demande également rejetée. Avocat commis d'office.
S. a rencontré le consul égyptien avec lequel il a discuté de sa situation ; vol prévu mais le retenu veut tout tenter pour rester en France.
Très critique vis à vis de l'ASSFAM, de l'infirmière (qu'on ne voit jamais), du JLD (qui n'écoute rien…). Et très lucide sur la situation politique actuelle en Egypte : il pense qu'il faudra au moins une génération pour que l'Egypte connaisse un régime démocratique.