QUAND UN ENFANT SE RETROUVE ENFERME AU CRA



Y.A, iranien, 15 ans, J+5
L’ASSFAM nous alerte ce matin 26 octobre de la comparution d’un jeune mineur de 15 ans détenu au CRA de Vincennes depuis 5 jours avec son “oncle”…
La magistrate arrive seule (elle déplore la grève des avocats). Les détenus sont nombreux. Le jeune homme de 15 ans n’est pas parmi eux : il est à l’hôpital où l’on mesure son âge osseux…
Il arrive en milieu d’après-midi dans la salle. Son ”oncle” et lui ont un avocat qui demande le non-lieu pour le jeune et la libération de son “oncle” (il s’agit plutôt d’un cousin).
En fin d’après-midi, la magistrate rend son verdict et oppose un rejet à chaque demande d’annulation d’OQTF sauf pour le jeune homme dont le résultat du test osseux a démontré qu’il était âgé de 15 ans environ. Le jeune est libéré tandis que son ”oncle” est renvoyé au CRA de Vincennes.
Après que la séance soit levée, la greffière reste longtemps avec nous dans la salle : elle veut savoir ce que va devenir ce jeune homme laissé seul. Le policier questionne sa hiérarchie pour demander des ordres concernant le jeune. Aucune solution n’est avancée, ni par les uns ni par les autres.
Je propose d’héberger le jeune homme chez moi pour la nuit, ce que les policiers acceptent après avoir pris soin de me demander mon nom et mon adresse.
Le jeune Y.A. ne parle ni français ni anglais. J’apprends par l’interprète du tribunal que je ne le conduirai pas le lendemain à l’ASE mais qu’il partira pour Calais. En effet son plus grand désir est de se rendre à Calais pour ensuite rejoindre son frère, en Angleterre. 
Y.A. l’a appelé depuis mon domicile. Il a également parlé à sa mère en Iran. 
Par l’intermédiaire de l’interprète contactée par téléphone, Y.A. nous explique qu’il a besoin d’un téléphone pour la suite. Il est trop tard ce soir. Nous lui achetons donc un e-billet de train pour Calais puis dînons avec lui. Il est content de partager ce repas avec nous et de pouvoir dormir après s’être assuré à plusieurs reprises qu’on le réveillera...
Le lendemain matin nous l’accompagnons à la Gare du Nord où nous lui achetons une mobicarte avant de le regarder partir.