les visites d'avril et mai 2012



Nous avons commencé nos visites en février 2012. Malgré le décalage entre la mise en ligne de ce blog et les premiers témoignages recueillis, nous pensons intéressant de les publier et de commencer par le début.
Ces premiers témoignages sont regroupés par mois. Nous rattraperons le temps jusqu'à faire coïncider les futures publications avec les périodes concernées et en publiant nos visites les unes après les autres.


Avril



1ère  visite
Monique et Danielle


Quatre rendez-vous aujourd’hui, tous obtenus en téléphonant aux cabines.
Nous ne pourrons avoir d’entretien qu’avec deux retenus : un autre (2ème visite prévu, CRA1) venu jusqu’à la salle de rendez-vous est reparti aussitôt, ne voulant plus nous parler et ne reconnaissant pas le numéro de téléphone qu’il avait donné la veille ; problème d’identité mal comprise par téléphone ? Nous ne le pensons pas.
Le rendez-vous suivant (CRA2), qui avait fait part par téléphone de vives protestations des retenus vis à vis des conditions dans le CRA (douches, nourriture) et voulait nous en parler, n’a pas répondu aux appels des policiers.
         Longue attente, allusions nombreuses à notre appartenance à une association, attitude arbitraire des policiers : l’un des retenus a eu sa visite interrompue car il s’énervait devant le refus policier de le laisser prendre un sandwich de viande d’agneau apporté par un de ses amis ; il avait eu cette autorisation quelques jours avant. Il criait qu’il en avait assez de manger du porc depuis 15 jours.


Bilel (CRA1), tunisien, contact direct par téléphone.

         En France depuis 2010, venant d’Italie rejoindre un oncle et des cousins français.
Au CRA depuis 40 jours ; arrestation gare du Nord dans un café, en même temps que deux autres personnes ; garde à vue de 12h au Chatelet dans de bonnes conditions ; ne se plaint pas des conditions matérielles Avocat commis d’office. Première arrestation en Juillet 2011 et rétention de 45 jours dans le même CRA.

Nous sentons le retenu un peu méfiant à notre égard puis rassuré quand nous lui expliquons notre appartenance à une association et lui donnons la liste des permanences juridiques.

Bilel a un bon moral, persuadé d’être bientôt libéré. Il regrette beaucoup que nous n’ayons pas apporté des petits gâteaux ou des cigarettes!
Il nous détaille les conditions de son départ de Tunisie : par la mer, avec une quarantaine de personnes dans un petit bateau ; le voyage a coûté 1300€ et a duré 48h ; séjour de deux semaines à Lampedusa dans un camp de la Croix Rouge puis venue en France.
         Le retenu veut repartir en Italie où il semble que ce soit plus facile d’avoir un contrat de travail.
        

Eric (CRA1), congolais, contact direct par téléphone.

         En France depuis Juillet 2001, footballeur dans un club de province jusqu’en 2008, ancien joueur de l’équipe nationale Congolaise.
Retenu arrêté une première fois il y a trois semaines, CRA du Mesnil-Amelot, libéré au bout de 5 jours par le JLD ; avocat personnel.
Contrôlé à nouveau dans la rue, le retenu n’avait pas les papiers du tribunal sur lui et malgré ses explications, les policiers l’ont arrêté à nouveau et l’ont transféré au CRA de Vincennes. Dans ce CRA depuis 5 jours, il sortait du JLD (+20 jours) lorsque nous l’avons rencontré. Très abattu.

Trois enfants français (2 à 7 ans), séparé de sa compagne. Nombreuses preuves de vie en France et de soutien de ses enfants mais n’a jamais pu faire régulariser à long terme sa situation.

Travail dans une chaine de distribution bon marché en 2009 mais a dû arrêter en absence de régularisation (non transfert de dossier entre la préfecture de province et celle du Raincy). Football dans des équipes amateurs.
         Retenu très démoralisé, accepte de repartir au Congo si il peut emmener ses enfants.





Mai 2012

1ère visite
Monique et Danielle

Trois noms aujourd’hui mais le premier retenu était au tribunal.
Peu d’attente malgré la présence de membres consulaires et d’un autre groupe visitant le CRA (avocats ?).

Graves problèmes de santé pour les deux retenus visités. Il faut ajouter les permanences de Médecins du Monde et de Médecins sans frontières à la liste des associations que nous donnons aux retenus. Cette liste reste nécessaire car l’ASSFAM ne voit pas tous les retenus avant leur sortie, et notamment ceux libérés par le tribunal.


Abdou (CRA2), sénégalais, contact direct par téléphone.

         En France depuis 2009 ; famille au Sénégal, hébergé chez un ami qui a fourni un certificat d’hébergement, travail non déclaré dans le bâtiment.
Au CRA depuis 4 jours, amené directement à la suite de 7 mois d’emprisonnement, ITF, avocat personnel. Contacts avec ASSFAM et médecin.
Venu en France pour des problèmes de santé : retenu diabétique (père décédé à la suite d’un diabète, mère également diabétique, amputée d’une jambe), suivi à l’hôpital Lariboisière, certificat du médecin de la prison de La Santé (« pronostic vital engagé »).

Au CRA, pas de régime alimentaire adapté à son diabète et petite réserve de médicaments donnés à sa sortie de la prison. Nous lui conseillons de demander à revoir le médecin. 1er JLD prévu le --/--.

Le retenu nous demande de prendre contact avec son avocat pour s’assurer qu’il a bien reçu certains papiers envoyés par l’ASSFAM (dont 4 certificats médicaux) : contact le soir même.
L’avocat n’a pas reçu de convocation pour le JLD du lendemain et il a un autre RV prévu à Versailles (le retenu lui confirmera plus tard qu’il est bien convoqué au JLD le --/--) ; j’insiste beaucoup sur l’état de santé du retenu.

Contact téléphonique avec le retenu le --/-- au soir : son avocat est finalement venu au JLD ; le juge a décidé 20 jours de rétention de plus, mais le dossier doit être revu ( ??) compte tenu de l’état de santé du retenu.



Elias (CRA2), palestinien, déclaré algérien par l’administration, contact direct par téléphone.

         Jeune retenu (22ans), en France depuis 1 an après un séjour en Allemagne, pays dans lequel il a fait une demande d’asile restée sans réponse. Non reconnu par le consulat algérien ou les autorités palestiniennes.
OQTF en Mars 2011, mis en rétention à Metz. Pas de famille en France, hébergé chez une amie. Travail non déclaré.
Arrêté le --/--, garde à vue dans le 8ème, CRA depuis le --/--.

         Le récit de son parcours est dramatique : le retenu se dit palestinien, parti très jeune en Egypte avec ses parents, puis vers 8 ans retour sans ses parents, mais avec d’autres enfants en Palestine ; le groupe part ensuite pour la Syrie, où il séjourne plusieurs années. De là, fuite vers la Turquie et l’Allemagne. Le retenu semble encore très traumatisé par ce qu’il a vécu durant son enfance et son adolescence (mort d’enfants avec qui il était en Syrie, ne se souvient même plus du visage de ses parents…).
         Très angoissé, insomnies malgré un cocktail impressionnant de médicaments : son ordonnance (du --/--) qu’il me montre comporte du rivotril, du seresta et du theralene. Le retenu me dit entendre des voix dès qu’il s’endort un peu.
Toxicomane mais pas de médicaments de substitution.

Sortie du CRA prévue le --/--.



2e visite
Jacqueline  

Premières visites, accompagnée par une amie de l’ASSOUEVAM (Association de Soutien au Étrangers du Val de Marne) qui assure une permanence pour les sans-papiers le mardi à la Maison des syndicats de Créteil, elle avait fait une visite avec Danielle antérieurement.

Nous avons vu trois retenus contactés par téléphone en cabine publique (CRA 3 : le premier retenu a été reçu à deux, le deuxième et le troisième reçus individuellement, par chacune d’entre nous)
Nous avons été agréablement surpris par la décontraction et même l’amabilité des policiers : effet de lendemain de l’élection présidentielle ?


Jarid , jeune du sud tunisien

En France depuis 3 ans, mais est passé par l’Italie clandestinement où il a d’abord cherché à travailler.
Il a quitté la Tunisie parce qu’il était resté 3 ans sans emploi malgré une maîtrise d’anglais. Il parle également très bien le français.
Il n’a pu travailler que de façon épisodique en France,  des petits boulots  précaires dans le bâtiment (1 mois de temps en temps) car il n’a pas de papiers.

Il a été arrêté dans une gare parisienne lors d’un contrôle.
Il en est au 17ème jour de rétention
Son dossier est bien pris en charge par l’ASSFAM, mais il n’a pas vu l’avocat commis d’office. 
Il n’a pas encore vu de représentant consulaire. Mais il ne reconnaîtra pas sa nationalité.

Il nous est apparu déprimé. Il ne semble pas avoir de prise sur la réalité.
Impression renforcée par la « perte » de son téléphone portable (avec possibilité de faire des photos) : le blocage de la carte sim par les policiers lui a fait perdre les numéros de tous ses contacts qu’il n’avait pas pris la précaution d’inscrire ailleurs. Il nous a demandé de contacter une de ses relations de travail, mais malgré nos recherches dans la ville indiquée, nous n’avons pas trouvé d’abonné au nom fourni. Nous lui avons donné une carte de téléphone pour l’aider à maintenir le contact avec sa famille en Tunisie.

Conditions de vie : Il s’occupe au CRA (TV,  cartes, foot, jeux électroniques).
Il se plaint de la viande non halal, il n’en mange pas.
Il revient en permanence sur la perte de son téléphone.



Omar. ,  jeune marocain de 25  ans

Orphelin de mère, père absent. Célibataire.
Il a quitté le Maroc avec un « contrat » d’un an pour l’Italie, travail dans une pizzeria.
Puis a eu des problèmes pour renouveler ses papiers en Italie (circonstances peu claires).
Il vit depuis 3 ans en France, accueilli chez un cousin en Alsace. Il a même tenté de trouver du travail en Allemagne. 

Il a été arrêté une première fois, retenu au CRA de Metz.
Il connaît donc bien la procédure pour son deuxième séjour en CRA, après avoir été arrêté à Paris qu’il ne connaît pas… Pas de relations ici. Il se sent donc isolé.
En fin de deuxième semaine de rétention, il a vu son avocat, l’ASSFAM, le représentant du consulat (mais il dit avoir déchiré son passeport marocain). Il attend le 2ème passage devant le JLD.
Il espère retourner en Italie, pays d’entrée dans l’espace Schengen, où il espère obtenir des papiers et un travail. « C’est trop mauvais en France » Pourtant il parle très bien le français.

Vie au CRA ? Il s’ennuie « il n’y a rien à faire », il fait du sport et s’intéresse peu à la TV.
« La nourriture n’est pas bonne », il ne veut pas manger de viande car elle n’est pas halal.
Cependant « il maîtrise ». Est-ce vrai ? Il manifeste un grand contrôle de lui-même.
Très poli, il s’est enquis de l’association que je représentais et il a remercié chaleureusement pour les cadeaux. (gâteaux et cigarettes)
Il trouve également les policiers très corrects.

Nous avions donné les coordonnées des permanences et lieux d’accueil  fournis par l’Observatoire dont  l’ASSOUEVAM  à Créteil : ces deux retenus se sont présentés à la permanence du mardi, après avoir été relâchés après la comparution devant le JLD du 25ème jour de rétention. Ils ont demandé mon amie qu’ils avaient rencontrée au CRA, elle les a réorientés  vers des lieux d’accueil sociaux à Paris.


3e visite
Danielle

Beaucoup de personnes devant le CRA.
Parmi elles, un retenu venant d’être libéré, sans explication, après une vingtaine de jours au CRA. Il est vêtu d’un pantalon de jogging et d’un sweat shirt prêtés, sa tenue de nuit m’explique t’il, chaussé de tongs, car ses affaires personnelles sont au lavage ; on lui a demandé de sortir du CRA puisqu’il était libéré, d’attendre à l’extérieur que ses affaires soient prêtes. Il a froid, il est là depuis environ une heure, il ne comprend pas pourquoi il ne peut pas attendre à l’intérieur des locaux.
Le retenu parle peu des conditions dans le CRA, mais me raconte les auto-mutilations, les lames de rasoir avalées, enrobées dans du plastique (4 jours de plus au CRA sans risque d’avion, pour se rapprocher des 45 jours…).
         Je le retrouve après ma première visite, torse nu, de nombreuses cicatrices d’anciennes coupures sur la poitrine, invectivant les policiers qui raccompagnent les visiteurs ; cette fois ci on lui permet d’entrer pour aller chercher ses affaires ; il a attendu plus de deux heures et demie !.


Khaled (CRA1) tunisien, contact direct par téléphone.

En France depuis 14 mois, famille en Tunisie. Amené au CRA le --/-- directement après 5 mois de prison. Pas d’avocat personnel.
Retenu très endormi (Rivotril et Valium) que je comprends avec difficulté ; un autre visiteur, tunisien, m’aide en traduisant certains échanges (policiers très bienveillants). Le retenu m’explique qu’il a une dent cassée et qu’il souffre ; il a vu le médecin et les infirmières donnent les médicaments.

Il trouve que les conditions sont bonnes dans le CRA, sauf la nourriture non halal, ce qui l’oblige à acheter des sandwichs. Contact avec l’ASSFAM.

Il est venu en France pour essayer de retrouver son frère âgé de 20 ans ; a été dans plusieurs villes et pays limitrophes et ne l’a pas retrouvé.
Travail non déclaré sur des marchés ou entreprises de nettoyage ; son dernier employeur lui doit de l’argent ; le visiteur tunisien va essayer de l’aider en téléphonant à l’employeur.

Grande détresse, demande de cigarettes, d’argent; le visiteur tunisien lui donne un peu d’argent avec l’accord des policiers.



Fayçal  (CRA1) tunisien, contact direct par téléphone.

         En France depuis 2001, arrêté le --/--, garde à vue d’environ 20 heures dans un commissariat parisien (policiers corrects mais locaux sales) ; au CRA depuis le --/--.

Malgré l’approche de sa libération, le retenu a fait une tentative de suicide la veille de ma visite (J 43 au CRA) : 7 coupures sur le torse, conduit à l’hôpital de l’Hôtel Dieu pour y avoir plusieurs points de suture et un entretien avec un psychiatre ; entretien qui lui a manifestement fait du bien, même si son avenir lui semble très sombre. Le retenu est arrivé à la salle des visites en marchant difficilement à cause de ses pansements.

Il est marié avec une Française depuis 2006, séparé en 2010 mais non divorcé. Sa mère est en France depuis plus de 20 ans avec une carte de séjour ; frère plus jeune marié avec une Française et qui a un fils français.

Demandes de régularisation à la préfecture en 2007 et 2009, refusées ; en 2009, conduit au CRA de Vincennes à la suite de sa visite à la préfecture, libéré par le JLD.
Travail non déclaré (plongeur dans un restaurant) mais sous son nom (carte Vitale, payé en espèces).

Le retenu trouve que les conditions dans le CRA sont bonnes (y compris la nourriture !) ; contact avec l’ASSFAM.

Petite info :
Les policiers m’ont précisé que l’on pouvait apporter des cigarettes et des gâteaux aux retenus (en paquets fermés) et des jus de fruits en boîtes cartons ; pas de fruits et pas de contenants métalliques.


4e visite
Danielle et Guy

 Au début de la visite, questions d’un gradé sur notre appartenance à une association. Réponse classique de Danielle : la LDH, mais nous faisons cette visite à titre personnel…et Guy s’est lancé : l’observatoire du centre de Vincennes ! Nouvelle demande de précisions du gradé à la fin de notre visite, car il ne connaissait pas l’observatoire… À suivre !


Ahmed (CRA1) algérien, contact direct par cabine.
         En France depuis 11 ans (2001) ; arrêté le --/-- à la gare de Lyon, garde à vue (bonnes conditions) et transféré au CRA le même jour. Avocat personnel.
Marié en 2008 avec une Franco–algérienne, séparé en 2010. Mère en France depuis 40 ans avec titre de séjour, demi-frère et cousins français.
OQTF non reçue en 2010, OQTF donnée à la suite d’une plainte de sa femme.
Travail non déclaré, son patron actuel est prêt à le reprendre. Logement à l’hôtel (30€ par jour). Habite le 92.
Le consul d’Algérie a refusé de signer le laissez-passer estimant que A. ne devrait pas être en rétention.


William (CRA3), congolais, contact direct par cabine.

         En France depuis 2004 (8 ans) ; arrêté le --/-- dans le TGV provenance du Nord: policiers sont intervenus à la demande du contrôleur… qui s’est étonné que le retenu paye son billet avec une carte bleue au nom de sa compagne.
Garde à vue de 24 h, arrivée au CRA le --/--.
Le retenu suivait une formation de maintenance en micro électronique. Vit dans le Val de Loire et est pacsé avec une femme française. Cousins naturalisés, pas de famille au Congo (mère au Congo, père en Afrique du Sud).
Première OQTF( ?) annulée en Janvier 2012, nouvelle OQTF le --/--interdiction de séjour en France de deux ans annulée par le tribunal administratif ; doit faire un recours contre l’OQTF avant le --/-- ; avocat personnel.
L’ambassade a signé le laissez-passer, 1er vol le --/-- que le retenu a refusé.



Ali (CRA2), algérien, contact direct par cabine.

         En France depuis 11ans (2001), retenu né en 1976 ; arrêté le --/-- par des policiers en civil à la sortie du métro ; garde à vue de 5h à Paris; CRA le --/--, OQTF.
         « Preuves de vie » depuis 11 ans et devait rencontrer l’avocat le --/-- pour établir son dossier de demande de régularisation. Travail en partie déclaré, électricien, même patron depuis 2009, attestation d’embauche, fiches de paye, colocation déclarée, compte en banque.
Carte de séjour d’un an en 2004, puis récépissé de trois mois ; refus ultérieur.
Cousins et cousines en France, naturalisés, et mère en Algérie.
Un vol serait prévu le --/--, alors que le retenu devrait être libéré le lendemain !

5e visite
Guy et Danielle

         Confirmation de distribution immodérée de somnifères et de tranquillisants aux retenus ; ils servent à tout : maux de dos, de dents, de tête, douleurs musculaires, angoisse, insomnies … sans pour autant les atténuer. Ce grave disfonctionnement médical est, avec les automutilations et les tentatives de suicide, l’un des problèmes majeurs du CRA.


Anis (CRA1) tunisien, contact par cabine, indiqué par un retenu vu précédemment.

         En France depuis 5 ans (2008) ; arrêté le --/-- ; garde à vue de 24h à Paris(bien) ; CRA à partir du --/-- ; pas d’avocat personnel.
Seul en France, réside habituellement dans le Midi, travail non déclaré de plagiste et de déménageur ; famille en Tunisie qu’il aide financièrement.
1er séjour en CRA à Marseille en 2010, OQTF il y a 11 mois. Le retenu a accepté de voir le consul, mais aucun échange verbal.

Retenu assez à l’aise et décontracté, conscient que sa situation est irrégulière et en acceptant les conséquences. Il attend les 45 jours (samedi prochain) et veut partir immédiatement en Norvège et de là au Canada où « l’asile humanitaire » est plus facile qu’en France. Le retenu souhaite y exercer son métier d’électricien.

Beaucoup de commentaires sur les audiences au JLD (attitude des magistrats qui font taire les retenus, rapidité de l’audience (« bonjour, 20 jours »), manque de professionnalisme des avocats commis d’office.
Commentaires aussi sur le CRA : distribution excessive de somnifères et de tranquillisants (ce que nous avons constaté chez de nombreux retenus), nombreux cas d’automutilations.
Egalement,  expulsion (parfois avec le premier vol !) organisée à la fin du séjour au CRA, souvent la veille ou le jour même de la sortie sans que le retenu soit prévenu à l’avance.


Babacar (CRA2) ivoirien, contact par cabine, indiqué par un retenu vu précédemment.

         En France depuis 1995 (17 ans !), né en 1968 ; arrêté le --/--, garde à vue de 24h à Paris, au CRA à partir du --/--.
Demande de régularisation en janvier 2011 (sans l’aide d’un avocat ou d’une association) : refus après une attente de plus de 6 mois.
Travail déclaré dans une entreprise de ménage (et coiffeur à domicile non déclaré), compte en banque, quittances de loyer (colocation) et de téléphone.
         Aucune famille en Côte d’Ivoire, famille dispersée à cause de la guerre en Côte d’Ivoire (parents au Ghana, frères et sœur en Italie, Mali et France dont 1 sœur avec un titre de séjour français).
        
Aide importante de l’ASSFAM (asile politique, aide juridictionnelle) ; recours contre la décision du tribunal administratif à faire avant le --/-- ; 2ème JLD le--/--: + 20 jours, appel: négatif. Pas d’avocat personnel pour l’instant.
Le retenu a rencontré le consul le--/--: refus de donner un laissez-passer car seulement une photocopie pour le passeport.

Le retenu nous signale le cas d’un sénégalais diabétique dont la glycémie n’est pas surveillée et celui d’un égyptien expulsé malgré de graves problèmes de vertèbres.
Il a aussi été témoin d’une tentative de pendaison.

Vol prévu le--/--, soit après 44 jours de CRA !


6e visite
Danielle

         Suspicion policière importante aujourd’hui : « vous faites partie d’une association ? Êtes vous mandatée par cette association ? », mêmes questions dès la première inscription à la guérite, puis à la « poêle à frire » et lors du deuxième entretien ; le troisième entretien s’est bien passé, l’équipe avait changé.
         Plus important et grave : M, congolais que nous avions vu le --/-- au CRA de Vincennes a été à nouveau arrêté hier à la préfecture d’Amiens alors qu’il venait chercher un récépissé de trois mois. Il a été conduit au CRA du Mesnil Amelot ; nous l’avons eu au téléphone et avons prévenu un membre de l’observatoire du Mesnil Amelot et de l’observatoire 77.


Amadou (CRA2) mauritanien, contact par un retenu vu précédemment.

         En France depuis 3 ans, 28 ans, au CRA depuis le --/--, arrêté à la Gare du Nord, garde à vue à Paris correcte.
Demande d’asile politique en 2009, rejetée en 2011 ; OQTF en Juillet 2011 non reçue et donc pas de recours.
Opposant politique dans son pays: recherché par le pouvoir en place, a réussi à fuir la Mauritanie par bateau jusqu’en Espagne ; puis est venu en France, où il a des cousins en situation régulière ; hébergé chez un cousin, travail non déclaré dans la restauration et le bâtiment (formation de carreleur en Mauritanie). Parents et frères en Mauritanie.

Laissez-passer délivré le --/--, 1er vol le --/--, qu’il a refusé. Risques de nouveau vol le --/-- ou le --/--, jour de sa sortie du CRA.
Aide importante de l’ASSFAM qui a fait une demande d’aide juridictionnelle et prépare un nouvel examen de l’asile politique.


Heidi (CRA2) tunisien, contact par cabine.

         En France depuis décembre 2007, au CRA depuis le --/-- directement à sa sortie de prison (un peu plus de deux mois, à la suite d’une bagarre). Venu en France pour des raisons économiques dans son pays.
Travail au noir comme plombier.
2ème JLD le--/--, avocat commis d’office. Refus de parler avec le consul de Tunisie.
Retenu très énervé et agité, relatant très fort une bagarre entre retenus et policiers dimanche dernier et l’intervention des CRS ; certains retenus seraient en garde à vue. Description des faits peut-être excessive, nuancée par le 3ème retenu rencontré.
Confirme que certains retenus reçoivent beaucoup de médicaments.


Babacar (CRA2) retenu ivoirien déjà vu le --/--.

Il a toujours un vol prévu demain mais ce serait le premier et il le refusera.
Doit sortir lundi, a rendez vous avec son avocat l’après-midi pour son dossier de recours contre l’OQTF. L’ASSFAM a fait une demande d’aide juridictionnelle.
Calme et bon moral ; mais a constaté au cours de ce long séjour une forte détérioration mentale chez certains retenus au CRA depuis plusieurs semaines, et une grande fatigue pour de nombreux retenus en raison d’insomnies.