ON MEURT AUSSI DANS LES CENTRES DE RÉTENTION… une information transmise par La Cimade

 

UN HOMME EST MORT AU CENTRE DE

RÉTENTION DE ROUEN-OISSEL


2 décembre 2021

Lundi 22 novembre 2021, une personne enfermée au centre de rétention a fait une tentative de suicide. Elle en est décédée quelques jours plus tard. Le réseau des visiteurs et observatoire citoyen du CRA tient à exprimer toute sa compassion à la famille et aux amis de la personne et dénonce les effets d’une politique migratoire meurtrière.


Ces dernières semaines ont vu le nombre d’hommes enfermés augmenter au CRA de Oissel, et ce malgré la recrudescence du virus covid. Au travers de nos échanges avec certaines de ces personnes retenues nous avons perçu la montée des tensions et de la violence entre elles.

La semaine dernière une personne retenue a fait une tentative de suicide et en est décédée.

C’est triste et douloureux. Le réseau des visiteurs et observatoire citoyen du centre de rétention de Oissel (CRA de Rouen), tient à exprimer toute sa compassion à la famille et aux amis de la personne décédée mercredi 24 novembre 2021, et l’accablement qui l’anime face à ce drame touchant une personne enfermée dans un CRA.

Dans la même semaine, une autre personne retenue s’est taillé les veines et est partie aux urgences. Cet homme est aujourd’hui hors de danger. Et un autre jeune homme a avalé du shampooing : il voulait mourir plutôt que d’aller en prison pour avoir refusé de faire un test PCR.

Les responsables d’un CRA peuvent et doivent tout mettre en place pour chercher à rendre plus vivable ce passage en enfermement, mais un CRA restera toujours un lieu où :

  • Plus de 50 personnes sont retenues actuellement à Oissel alors qu’il n’y avait que 12 hommes et 2 femmes dans les premiers temps du covid.
  • Les hommes sont 6 par chambre, même maintenant, alors que la transmission du covid est repartie à la hausse.
    Depuis quelques temps, la grande cour est de nouveau rarement accessible.
  • Il y a une grande promiscuité entre personnes retenues venant d’horizons différents (arrêtées dans la rue – sortants de prison – jeunes tout juste majeurs – personnes présentant des troubles psychiatriques – personnes retenues aux comportements violents – personnes pour lesquelles la tendance suicidaire avait été pourtant fortement signalée, exemple du cas d’un jeune majeur, il y a quelques mois, placé en rétention malgré les signalements et plusieurs tentatives de suicide avant la rétention…)
  • Il y a beaucoup d’incompréhensions de leur part sur leurs situations administratives.
  • Des cabines téléphoniques qui ne fonctionnent plus depuis plusieurs semaines. Des personnes retenues sans téléphone qui se retrouvent sans contact avec l’extérieur, leur famille, leurs amis.

Tout cela amène des réactions légitimes de colère avec pour conséquence des violences contre soi ou contre les autres.


Un centre de rétention n’est pas une prison, l’administration nous dit qu’il n’y a pas de caractère punitif à l’enfermement en CRA. Cependant c’est comme un univers carcéral avec des barbelés, des verrous, une surveillance policière, le bruit omniprésent… C’est traumatisant pour toutes les personnes enfermées que nous avons rencontrées. Et c’est pire que la prison disent les anciennes personnes détenues. Les personnes retenues se sentent tellement acculées que certaines d’entre elles, ne supportant plus cette situation, appellent au secours en passant à l’acte. Les visiteurs du réseau entendent alors parler de mutilations, de tentatives de suicide. Et ce lundi 22 novembre, la tentative de suicide de cet homme retenu l’a conduit à la mort dans les jours qui ont suivi.

L’enfermement en centre de rétention ne doit viser qu’à la reconduite à la frontière de la personne retenue. Et ne doit durer que le temps d’organiser cette expulsion. Expulsion impossible actuellement vers certains pays (Algérie – Maroc…). Alors pourquoi les laisser enfermés ? Et les laisser dans l’angoisse de l’incertitude du lendemain ?

Nous assistons à un acharnement de l’administration et de la justice à poursuivre une logique répressive d’enfermement inacceptable et dépourvue de sens. 

Tout cela est représentatif de la politique migratoire inhumaine menée par l’État et des violences et des horreurs qui en découlent : la mort de 27 personnes dans la Manche et la mort de cette personne au CRA le même jour.

Témoins de cette politique migratoire meurtrière, les membres du réseau des visiteurs et de l’observatoire citoyen du CRA de Oissel appellent à la fermeture du CRA de Oissel et de tous les CRA.

À Rouen, le 1er décembre 2021

Réseau de visiteurs et observatoire citoyen du centre de rétention pour étrangers de Oissel – Ligue des Droits de l’Homme de Rouen – Maison des associations et de la solidarité – 22b rue Dumont d’Urville – 76000 Rouen – Tél. : 07 83 76 53 45