QUAND LA VISITE, CENSÉE ÊTRE CONDIDENTIELLE, VIRE AU DÉBAT GÉNÉRAL AVEC LES POLICIERS…..
On nous amène Nordine, tunisien, J+1 ?
Nordine est un homme jeune, agité et parlant très fort ; il s’effondre sur la chaise proche des policiers et nous dit tout de suite que ça ne va pas du tout. La discussion s’engage de façon très difficile : d’une part, Nordine, bouleversé par son arrestation et son enfermement, s’exprime de façon hachée, pas toujours cohérente ; son français de plus, n’est pas très bon. D’autre part, il y a 5 policiers alignés contre le mur, qui ne perdent pas un mot de la conversation. Tout cela fait que nous avons du mal à prendre la parole et à questionner Nordine, surveillées que nous sommes par les policiers : la situation est difficilement tenable.
Peu à peu, nous attrapons des bribes de l’histoire de Nordine. Il s’est d’abord marié à une Tchèque et il nous dit avoir un passeport tchèque, en plus de son passeport tunisien. Divorcé, il s’installe en France, épouse une compatriote : ils ont une petite fille de 7 mois. Nordine insiste sur le fait qu’il est installé en France, avec appartement meublé grâce à un gros crédit (6000 euros), il a une licence VPC et a donc une voiture, il paie ses impôts. Il s’insurge contre cette situation paradoxale : d’un côté, on n’hésite pas à lui accorder un crédit, de l’autre, on l’enferme. Il se tourmente pour sa femme et sa fille, actuellement à Nice et qui dépendent entièrement de lui : que vont-elles devenir ? En effet, il a un vol annoncé pour Prague dans 4 jours.
Ce qui est beaucoup moins clair, c’est sa situation au CRA, qui paraît proprement rocambolesque ; il a passé 24h en garde à vue ; il commence par nous dire qu’il a été libéré par le TA, puis il se reprend, il s’agit du JLD (qu’il se mélange entre les 2 juridictions est bien normal !) : il y a une erreur de date sur le PV qui a permis sa libération. C’est alors que les choses se compliquent dans son récit : sans attendre le délai durant lequel le procureur peut faire appel, il se rend au CRA pour récupérer ses affaires. Il apprend alors que ses papiers ne sont pas au CRA, mais à la Préfecture. Lorsqu’il se rend à la Préfecture, on l’arrête à nouveau et on l’amène menotté au CRA.
L’affaire paraît tellement embrouillée, qu’un policier, tout ouïe, s’invite dans la discussion, qui devient bientôt générale avec les policiers : chacun donne son avis sur la situation de Nordine, demande des précisions, donne des conseils ! Pour nous, visiteurs, la situation est proprement insupportable et nous ne savons pas comment nous en sortir : nous serons « sauvées par le gong ». Nous sortons, assez déstabilisées par l’expérience !
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Nordine est un homme jeune, agité et parlant très fort ; il s’effondre sur la chaise proche des policiers et nous dit tout de suite que ça ne va pas du tout. La discussion s’engage de façon très difficile : d’une part, Nordine, bouleversé par son arrestation et son enfermement, s’exprime de façon hachée, pas toujours cohérente ; son français de plus, n’est pas très bon. D’autre part, il y a 5 policiers alignés contre le mur, qui ne perdent pas un mot de la conversation. Tout cela fait que nous avons du mal à prendre la parole et à questionner Nordine, surveillées que nous sommes par les policiers : la situation est difficilement tenable.
Peu à peu, nous attrapons des bribes de l’histoire de Nordine. Il s’est d’abord marié à une Tchèque et il nous dit avoir un passeport tchèque, en plus de son passeport tunisien. Divorcé, il s’installe en France, épouse une compatriote : ils ont une petite fille de 7 mois. Nordine insiste sur le fait qu’il est installé en France, avec appartement meublé grâce à un gros crédit (6000 euros), il a une licence VPC et a donc une voiture, il paie ses impôts. Il s’insurge contre cette situation paradoxale : d’un côté, on n’hésite pas à lui accorder un crédit, de l’autre, on l’enferme. Il se tourmente pour sa femme et sa fille, actuellement à Nice et qui dépendent entièrement de lui : que vont-elles devenir ? En effet, il a un vol annoncé pour Prague dans 4 jours.
Ce qui est beaucoup moins clair, c’est sa situation au CRA, qui paraît proprement rocambolesque ; il a passé 24h en garde à vue ; il commence par nous dire qu’il a été libéré par le TA, puis il se reprend, il s’agit du JLD (qu’il se mélange entre les 2 juridictions est bien normal !) : il y a une erreur de date sur le PV qui a permis sa libération. C’est alors que les choses se compliquent dans son récit : sans attendre le délai durant lequel le procureur peut faire appel, il se rend au CRA pour récupérer ses affaires. Il apprend alors que ses papiers ne sont pas au CRA, mais à la Préfecture. Lorsqu’il se rend à la Préfecture, on l’arrête à nouveau et on l’amène menotté au CRA.
L’affaire paraît tellement embrouillée, qu’un policier, tout ouïe, s’invite dans la discussion, qui devient bientôt générale avec les policiers : chacun donne son avis sur la situation de Nordine, demande des précisions, donne des conseils ! Pour nous, visiteurs, la situation est proprement insupportable et nous ne savons pas comment nous en sortir : nous serons « sauvées par le gong ». Nous sortons, assez déstabilisées par l’expérience !
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