Du chiffre et toujours du chiffre !

Wassis , malien,  44 ans, 11ème jour de rétention.


Wassis est en France depuis 5 ans et travaille dans une entreprise de ménage. Son patron content de lui, a soutenu sa demande de régularisation en lui fournissant tous les documents nécessaires : contrat de travail et feuilles de paie et lui a obtenu un rendez-vous à la Préfecture. Dans un premier temps, lors du dépôt de son dossier, il a obtenu un récépissé de 4 mois qui lui a permis de travailler. Mais dans un deuxième temps, il a enregistré un refus de titre de séjour et  on lui a signifié qu’il avait 3 mois pour quitter le territoire français.  Ce qu’il n’avait pas compris, si bien que, contrôlé par la Police à la gare Montparnasse, alors qu’il y travaillait, sans titre de séjour en règle, il a été placé en garde à vue. Il a refusé de signer « un papier » lui faisant obligation de partir,  sans le conseil de son avocat. Les policiers ont alors noté « refus de signer ». Il a ensuite été amené au CRA mais il n’a pas pu faire appel de l’OQTF car il est arrivé tard, il n’y avait personne pendant le weekend pour faire appel, ensuite le délai était passé. Malgré la présence d’un avocat payé par son patron, les trois passages devant le juge ont débouché sur son maintien en rétention. Il n’a pas encore vu de consul.


Un épisode curieux : plusieurs retenus ont été conduits très tôt au Tribunal administratif, vendredi matin mais il n’y avait pas d’audience, c’était semble-t-il une erreur ! De qui ? On lui a demandé d’en parler à son avocat.

Il existe en effet de curieuses pratiques :  Wassis affirme que 4 à 5 personnes qu’il connaît au CRA 1 ont été contrôlées et embarquées alors qu’elles étaient venues pour des rendez-vous en vue de leur régularisation à la Préfecture ! Cela est confirmé par un visiteur venu voir un parent arrêté à la Préfecture. Tous les moyens sont bons pour rafler et expulser : le gouvernement veut afficher des résultats dans ce domaine, pour démontrer son efficacité auprès de l’opinion publique…

Wassis ne se plaint pas trop des conditions de vie du CRA, il s’entend bien avec ses 3 camarades de chambre : un Afghan, un Philippin, un Ivoirien… Il n’a pas voulu rejoindre des Maliens qui lui proposaient de se regrouper par nationalité.  Le centre de rétention est le lieu d’un extraordinaire brassage d’individus et de cultures qui arrivent à s’entendre et développer un formidable esprit d’ouverture dans ce microcosme du monde dominé.