AGÉ DE 64 ANS, ARRIVÉ À 19, EXPULSÉ 5 FOIS, POUR LA ÉNIÈME FOIS EN RÉTENTION...

De l'acharnement de l'État français à expulser les inexpulsables, quoiqu'il en coûte !

Monsieur H., 64 ans, que nous avons eu bien du mal à rencontrer, devait être notre première visite. Cependant, malgré notre insistance auprès des policiers et vérification de sa présence sur le listing, il ne répondait pas. Aussi, nous avons  vu une deuxième personne puis avons réitéré notre demande. M. H. nous dira plus tard n’avoir jamais entendu les appels...

Il nous accueille avec un grand et bon sourire, heureux de notre visite et plein de gratitude. 



Son histoire est l’histoire d’un acharnement fou furieux. Il est arrivé à l’âge de 19 ans à Paris. Il est depuis 45 ans en France ! Toute sa vie est ici ! Il est originaire du Rif. De lui-même, il n’est jamais retourné au Maroc. Il n’a plus de contact avec sa famille.


Il a été expulsé 5 fois soit de Paris à Casablanca, soit de Paris à Tanger, via Sète. À chaque fois, les autorités de police marocaines l’ont immédiatement refoulé vers la France car il n’a plus aucune pièce d’identité marocaine. Il se retrouve au CRA pour la énième fois, a fait un recours au Tribunal administratif avec l’aide de l’Assfam. Sa demande a été refusée. 


Il s’intéresse très assidûment à la vie sociale et politique. Il réside en région parisienne, en collocation. Il subvient entièrement à ses besoins, il travaille au noir dans la couture et paie de sa poche ses frais médicaux, puisqu’il n’a pas de sécu. Il a purgé une peine de six mois de prison après une bêtise qu’il reconnaît mais qui lui a coûté très cher et un casier judiciaire. Cette fois, il a été arrêté dans la rue lors d’un contrôle d’identité.  


Il partage volontiers ce qu’il pense dans un français impeccable. Cette langue, il estime que tout étranger qui veut vivre en France doit l’apprendre. Il dit lui-même achopper sur certains mots en arabe. La nourriture du CRA ne lui convient pas d’autant plus qu’il est végétarien et dégoûté de tous ces animaux que l’on tue. Quant aux autres retenus, il les trouve très bruyants, « ils ne peuvent se parler sans hurler ». Cette ambiance lui est pénible mais il a mis dans sa tête qu’il se pouvait très bien qu’il reste au CRA jusqu’au bout du délai légal. Il est prêt à cela.